08/10/2020 09:00La téléconsultation grande gagnante dans le monde d’après

Téléconsultation

Deux ans après son instauration, la téléconsultation a le vent en poupe. Si la crise Covid a été un accélérateur puissant du recours à la consultation à distance, il apparaît que le dispositif a gagné ses lettres de noblesse pour l’avenir.

Au premier semestre 2020, le nombre de téléconsultations facturées à l’Assurance Maladie est passé de 40 000 actes par mois à 4,5 millions en avril pour se situer à près d’un million d’actes pendant l’été. Au moment du confinement, la téléconsultation représentait une consultation sur quatre. Si le nombre d’actes a reculé, et bien qu’elle ne représente que 3 % des consultations en cette rentrée, la dynamique n’en est pas pour autant stoppée. Aujourd’hui, plus d’un médecin sur deux y a recours et elle concerne des patients de tout âge, et pas seulement des jeunes urbains : un patient sur cinq y recourant a plus de 70 ans, note l’Assurance maladie.

Les remboursements reconduits jusqu’en 2022

Dans le prolongement de la crise Covid, la téléconsultation va continuer d’être soutenue par les pouvoirs publics grâce à une prise en charge à 100 % par l’Assurance Maladie jusqu’au 31 décembre 2022.

Les règles du parcours de soins doivent cependant être respectées sauf dans le cas où une personne est infectée par la Covid-19 ou susceptible de l'être. Dans cette situation, elle peut alors s’adresser à un médecin de ville pour une téléconsultation si son médecin traitant n’est pas disponible ou si elle n’en a pas.

Afin d’accompagner l’essor de cette pratique, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale propose de prolonger jusqu’à la fin de l’année 2022 cette mesure dérogatoire de prise en charge à 100 %, afin de laisser le temps aux partenaires conventionnels de redéfinir les conditions du recours à cette pratique et aux professionnels de santé de s’équiper des outils et solutions techniques permettant sa gestion dans le droit commun.

Un regard des patients qui a changé

Dans ce domaine, il est intéressant de constater les évolutions de l’opinion. Dans le sondage Harris Interactive de janvier 2020, mené avant la période de confinement, il ressortait que la téléconsultation n’était préférée véritablement que par 13% des Français. Parmi les freins à téléconsultation, figuraient notamment l’impossibilité de se faire ausculter par le médecin, (50 % des sondés) et la crainte d’être moins bien pris en charge qu’avec une consultation classique (30 % des sondés).

Quelques mois plus-tard, le regard n’est plus tout à fait le même. Ainsi, une plateforme de téléconsultation, dans son enquête réalisée en juin 2020, met en avant que près des trois quarts des personnes interrogées (73,6 %) ont l’intention de poursuivre la téléconsultation et que parmi les personnes n’ayant pas eu recours à la téléconsultation, 56,6 % ont l’intention d’y recourir, dont 65 % chez les 35 -49 ans. Enfin, 54,3 % des sondés indiquent souhaiter que leur médecin traitant propose la téléconsultation.

Mais attention, des améliorations sont attendues. 40,6% des français disent avoir rencontré au moins une difficulté avec l’ordonnance émise pour récupérer le traitement. Les principaux problèmes rencontrés étant l’impression, la lisibilité de l’ordonnance ainsi que sa transmission à la pharmacie.

Le rôle des mutuelles et de la SORUAL

Les complémentaires santé ont dès le départ été présentes sur le terrain de la téléconsultation. Elles continueront demain à intervenir en soutien de la prise en charge des régimes obligatoires dans le cadre du parcours de soins coordonné, cher aux patients, qui ne veulent pas, dans leur majorité, pratiquer la téléconsultation en dehors de leur médecin traitant.

Mais leur rôle ne s’arrête pas au simple financement en complément de celui de la Sécurité sociale. Ainsi la SORUAL propose en parallèle des services, en matière de prévention ou d’accès immédiat, en vidéo ou par téléphone, auprès de professionnels de santé.

Ce changement de paradigme nécessitera aussi une formation adaptée du corps médical aux nouveaux outils de communication et de diagnostic à distance.