16/03/2022 09:00Le dossier médical partagé est mort, vive « mon espace santé » !

mon espace santé

Difficile de convaincre les Français, et leurs médecins, de prendre le virage numérique. Mais les pouvoirs publics sont persévérants. Après l’échec du dossier médical partagé, le Gouvernement lance un nouveau dispositif, plus consistant, dénommé « mon espace santé ». Il compte, pour assurer son succès, sur les nouvelles habitudes de consultations à distance prises il y a deux ans, avec la Covid. Selon les promoteurs de « mon espace santé », l’usage des services numériques en santé comme les plateformes de télémédecine, les objets connectés, ou encore les applications « Tous anticovid » a été fortement accéléré avec la crise sanitaire.

Le nouvel espace a été testé avant d’être déployé à l’échelle nationale, en Haute-Garonne, en Loire-Atlantique et dans la Somme. A fin octobre 2021, il avait été ouvert à 3,3 millions de personnes résidant dans ces départements pilotes. Moins de 1 % des assurés se sont opposés à son ouverture précise le gouvernement. Jusqu’à fin mars 2022, 65 millions de notifications par e-mails ou courriers seront envoyées à l’ensemble des bénéficiaires d’un régime d’assurance maladie français pour leur présenter le service et les informer que, sans action de leur part, leur profil « Mon espace santé » sera créé automatiquement dans un délai de six semaines. Les assurés pourront alors choisir de l’activer immédiatement, ou de s’opposer à sa création automatique en se rendant sur le site de « Mon espace santé ».

Un double objectif

En premier lieu, « Mon espace santé » se veut facile d’accès. Il prend la forme d’un espace dans lequel l’assuré peut ajouter et consulter ses documents et informations de santé et les partager avec les professionnels de santé qui le suivent. En second lieu, il vise à optimiser et accélérer la gestion de la santé et des parcours de soins en ville comme à l’hôpital.

Dès début 2022, les usagers auront accès à deux premières fonctionnalités : le dossier médical et la messagerie de santé.

Dans son dossier médical, l’assuré pourra intégrer tous les documents qu’il juge utiles (ordonnances, certificats médicaux, résultats d’examens de biologie, etc.) pour ne plus les perdre. Ses différents médecins et son pharmacien seront à même de lui envoyer ses documents. L’assuré disposera d’un « profil médical », lui permettant d’indiquer, par exemple, ses antécédents familiaux, ses allergies, ses vaccinations. Une synthèse sera téléchargeable au format PDF pour la transmettre aux professionnels de santé de son choix.

La messagerie santé donnera à l’assuré la possibilité d’échanger avec ses professionnels de santé, ce sont ces derniers qui en auront l’initiative. Elle permettra envoyer un renouvellement d’ordonnance, une lettre d’orientation médicale, une convocation en amont d’un séjour à l’hôpital à laquelle le patient pourra répondre, etc.

Plus tard dans l’année, « Mon espace santé » développera un agenda médical et un catalogue d’applications de services.

Bien entendu, les pouvoirs publics insistent sur la sécurisation des données personnelles de santé hébergées dans l’espace de santé dont la confidentialité est garantie par l’État.

Enfin, pour que le corps médical adhère au nouvel environnement numérique, des engagements financiers à hauteur de 2 milliards d’euros ont été déployés pour moderniser les logiciels métiers des soignants (libéraux, hospitaliers, et du médico-social), afin de les rendre interopérables et compatibles avec « Mon espace santé »

Une étape de plus dans l’expérience patient

Certains pays sont en avance sur cette approche numérique. On peut citer par exemple la Suède, où le National Patient Overview, compile l’historique des vaccinations et des prescriptions médicamenteuses, les imageries médicales, les diagnostics et les remboursements. Depuis 2015, toutes les consultations généralistes sont enregistrées dans cette base, comme 95% des médicaments prescrits. Grâce à son pari précoce sur l’e-santé, la Suède a fluidifié le fonctionnement du secteur médical et hospitalier, faisant économiser en moyenne, 30 minutes par jour à chaque praticien (1). En France, le nouvel espace « mon espace santé » sera une brique de plus dans la meilleure connaissance des patients que l’on nomme aussi l’expérience patient, un concept qui s’est développé, il y a une vingtaine d’années sur le continent Nord-Américain, au Royaume-Uni, et bien évidemment en Suède. Il part du principe que l’amélioration du parcours de soins des patients doit être co-construit avec eux.

(1) Source Suède : Numéro unique d’identification du patient : la clé de voute du système de santé suédois. L’abécédaire.fr