03/12/2020 09:00Sylvain François, autocariste : toujours debout malgré la crise

Car de l'entreprise de Sylvain François, autocariste

Située à proximité de Nancy, la société Tourisme Néodomien propose des voyages occasionnels en France et en Europe, principalement par autocar mais aussi par avion. Difficile, pour ne pas dire impossible depuis le mois de mars 2020 de visiter Venise, découvrir la Costa Brava ou se promener sur les plages du débarquement. Comment l’entreprise, qui compte une quarantaine de véhicules et 45 salariés, a-t-elle tenu le choc et se projette-t-elle dans un avenir proche ?
Sylvain François, son président, nous répond.

Quelle est votre situation depuis le mois de mars 2020 et quelles sont vos perspectives ?

Nous avons été aidés uniquement par le dispositif du chômage partiel en sachant que nous n’étions pas éligibles au Fonds de solidarité. Nous étions prêts pour reprendre l’activité au mois de mai, à la fin du premier confinement, mais nous n’avions pas de commandes en face.
Une légère reprise a eu lieu début septembre, autour de 15 % par rapport à la normale, à la rentrée des classes mais qui a vite disparu à la mi-octobre. Lors du deuxième confinement, nous nous sommes encore retrouvés à l’arrêt. A présent, nous récupérons un peu d’activité avec du transport périscolaire, grâce à quelques clients fidèles, mais seulement à hauteur de 7 à 8 % de notre chiffre d’affaires normal. Les voyages sont interrompus. Tous les séjours à l’international son fermés. Quant aux perspectives, si l’on écoute les pouvoirs publics, nous espérons voir le bout du tunnel au deuxième semestre 2021, si les campagnes de vaccination débutent vite pour s’étendre jusqu’en juillet.

Financièrement, comment avez-vous traversé cette période ?

Notre société à actionnariat familial a 42 ans d’existence. Nous avons été économes par le passé, en souvenir des crises qui nous ont un peu aguerris. Je pense notamment à celle de la vache folle qui a arrêté les échanges avec le Royaume-Uni ou encore celle liée, en 2010, à l'éruption du volcan islandais, Eyjafjallajökull, qui avait provoqué la fermeture des espaces aériens en Europe. Ces deux évènements avaient déjà perturbé notre exploitation.
Aujourd’hui, nos plus grosses charges correspondent à nos investissements en autocars à crédits, pour lesquelles nous avons demandé des reports d’échéances sur un an. Malgré le chômage partiel qui se poursuit jusqu’en décembre, notre trésorerie n’est plus suffisante. Nous conservons des charges fixes pour les locaux comme l’électricité le gaz, et devons continuer à payer des charges sociales et les primes d’assurance, dans la mesure où nous entretenons une permanence dans notre administration pour gérer nos dossiers et tenter de capter commercialement d’autres marchés.
Dans ces conditions, nous avons entamé les démarches pour contracter un prêt garanti par l’État (PGE) et un prêt au tourisme. La question est : que se passera-t-il quand ce type de prêt n’existera plus et surtout comment allons-nous les rembourser ? Dans mon secteur, la majorité de mes confrères ont souscrit des PGE et ont commencé à les entamer.

Avez-vous mis en place des mesures pour accompagner votre personnel ?

Oui, car bien que l’activité soit très faible, nous essayons de faire travailler le plus possible nos salariés par roulement, un ou deux jours par semaine. Pour 10 à 15 % d’entre eux, nous les avons autorisés à prendre un emploi subsidiaire en complément du chômage partiel. Nos employés sont souvent des personnes qui ont l’habitude de bouger et qui ne peuvent pas rester à la maison sans rien faire. Cette petite activité autorisée leur permet d’arrondir les fins de mois et de garder le moral.
Par ailleurs, nous avons créé un réseau interne sur WhatsApp pour tout le personnel qui souhaite participer. Cela a renforcé la cohésion en permettant de prendre des nouvelles de chacun afin d’égayer la journée, même si celle-ci elle est monotone.

Tirez-vous des enseignements de cette crise ?

Oui, et surtout celui que nous ne sommes jamais assez prudents. Nous l’étions déjà par le passé ce qui nous a conduit à disposer d’une trésorerie suffisante pour passer le cap 2020. Mais je n’ai jamais connu un niveau d’inactivité aussi important sur une si longue durée. Sachant que nous ne sommes pas à l’abri d’un autre évènement de ce type, je pense que je serai deux fois plus prudent.