15/07/2020 09:00Le confinement des deux côtés de la frontière franco-suisse

dessin démarchage assurance

Joël Giolai, est administrateur et trésorier de la SORUAL.
Salarié dans le secteur de la chimie en Suisse et résidant en France, il partage avec nous son expérience en tant que travailleur frontalier, au cours de la période de confinement.

Comment se sont déroulées pour vous ces semaines de confinement entre la France et la Suisse ?

Joël Giolai : Après quinze jours de quarantaine, dans les premières semaines de mars, je suis retourné au travail dès le 25 mars. Je devais passer la frontière matin et soir, muni d’une attestation de mon employeur, certifiant que ma présence dans l’entreprise était requise. J’ai pu constater que, comme en France, les restaurants et bars étaient fermés et seuls les grands magasins d’alimentation sont restés ouverts avec les mêmes types de filtrage et de distanciation physique à l’entrée qu’en France.

Par ailleurs, nous n’avions pas le droit de rapporter des denrées alimentaires en France.

En ce qui concerne les masques, ces derniers n’étaient pas obligatoires dans mon entreprise, mais il est vrai que nous n’étions pas aussi nombreux qu’en temps normal. En revanche, il n’y a pas eu de pénurie, il était possible d’en trouver dans les pharmacies, c’est d’ailleurs ce qu’a fait mon dentiste lorsqu’il en a eu besoin.

La Suisse a-t-elle développé le télétravail et a-t-elle pris des mesures de chômage partiel ?

L’État fédéral a souhaité que toutes les personnes à risques, celles qui ont des problèmes cardiaques, de diabètes par exemple, puissent rester chez elles au moins cinq à six semaines. A ce titre, plusieurs de mes collègues ne se sont pas rendus sur site jusqu’à la fin avril ou à la mi-mai. Tous n’étaient pas en télétravail, compte tenu des postes qu’ils occupent. Le maintien à domicile s’est réalisé sous prescription médicale et, ce qui est important, sans perte de salaire. Il convient de souligner que selon les conventions de notre branche, la chimie, notre salaire est intégralement versé pendant deux ans en cas d’arrêt maladie.

Sur le télétravail plus précisément, environ la moitié des salariés du site ont pu en bénéficier jusqu’à la fin du mois de juin. Dans les bureaux de maintenance, nous étions présents de manière alternative pour faire en sorte que seule la moitié des effectifs soient présents afin d’éviter les concentrations. Il y a donc eu du chômage partiel, par exemple nous sommes restés chez nous un jour par semaine à tour de rôle. L’État a apporté son aide mais nous avons continué à percevoir la totalité de notre salaire. J’ajoute que notre direction, basée en Allemagne, a préconisé que le télétravail pouvait continuer dans la mesure du possible.

La Suisse et le Covid-19

Entre les mois de février et mars, le Conseil fédéral a interdit les rassemblements de plus de 1 000 personnes puis de plus de 100 personnes, fermé les écoles et réintroduit des contrôles aux frontières. Le Canton de Bâle a pris des mesures plus strictes, par exemple en interdisant les événements de plus de 50 personnes. Dès le 15 juin, les restrictions d’entrée en Suisse prises le 17 mars ont été levées. En ce mois de juillet, au niveau fédéral, les évènements jusqu’à 1000 personnes sont autorisés, sous condition de diviser l’espace pour accueillir 300 personnes maximum, tout comme les rassemblements de plus de 30 personnes dans l’espace public. Les clients des restaurants, des bars et des boîtes de nuit ne sont plus tenus de consommer assis et le couvre-feu a également été levé. Les compétitions peuvent à nouveau avoir lieu pour les sports impliquant des contacts physiques étroits. De même, les dispositions relatives à la protection des personnes vulnérables sont abrogées et la recommandation concernant le télétravail est levée. Enfin, la distance minimale recommandée entre deux personnes passe de 2 à 1,5 mètre.

Source : Office Fédéral de la Santé Publique