L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a publié en mars une étude qui pointe du doigt les dépassements d'honoraires pratiqués par certains médecins libéraux dans huit spécialités, soulevant ainsi une problématique majeure d'accès aux soins médicaux en France. Pour appuyer ses allégations, l'Association se base sur des données fournies par l'Assurance maladie.
- L’étude dévoile des écarts significatifs dans les tarifs pratiqués selon les régions. Ainsi, dans certaines zones, les médecins peuvent facturer jusqu'à 2,5 fois le tarif de base. Ces dépassements sont considérés par l’Association comme excessifs et contribuant à une inégalité territoriale dans l'accès aux services de santé, conduisant de nombreux citoyens à renoncer à des soins essentiels.
- Citons quelques exemples révélés par l’étude :
- Pour les anesthésistes, le tarif moyen est de 40,9 € avec un dépassement moyen de 10,9 €. Dans le département où les honoraires sont les plus élevés, le tarif moyen atteint 59,2 € avec un dépassement moyen de 29,2 €.
- Pour les cardiologues, le tarif moyen est de 55,9 € avec un dépassement moyen de 4,9 €. Dans le département le plus cher, le tarif moyen est de 77,8 € avec un dépassement moyen de 26,8 €.
- Pour les dermatologues, le tarif moyen est de 41,7 € avec un dépassement moyen de 11,7 €. Dans le département le plus cher, le tarif moyen est de 70,3 € avec un dépassement moyen de 40,3 €.
- Pour les gastro-entérologues, le tarif moyen est de 37,5 € avec un dépassement moyen de 7,5 €. Dans le département le plus cher, le tarif moyen est de 67,9 € avec un dépassement moyen de 37,9 €.
- Cette situation est jugée d'autant plus préoccupante par UFC-Que Choisir, que le nombre de spécialistes pratiquant ces dépassements a considérablement augmenté au cours des dernières années.
- En parallèle, l'UFC-Que Choisir met en évidence l'existence de déserts médicaux à travers une carte interactive, soulignant ainsi le manque d'accessibilité aux soins dans certaines régions.
- Face à cette réalité inquiétante, l'Association appelle les autorités à prendre des mesures urgentes pour contenir cette spirale inflationniste des coûts de la santé.
Parmi les solutions proposées, on trouve :
- la réduction des écarts entre les tarifs conventionnels (négociés entre l’Assurance maladie et les syndicats représentatifs de médecins libéraux), qui servent de base au remboursement de la Sécurité sociale et les tarifs réels pratiqués par les médecins,
- la limitation de l'accès au secteur 2 à honoraires libres pour les nouveaux médecins,
- l'adhésion obligatoire pour les spécialistes de secteur 2 au contrat d'option tarifaire maîtrisée (OPTAM) régulant les pratiques tarifaires par le respect d’un taux moyen de dépassement et la réalisation d’une partie de leur activité au tarif opposable (sans dépassement).
UFC-Que Choisir souligne le fait que les dépassements d'honoraires ne sont que partiellement remboursés par le contrat responsable (le remboursement est en effet, dans ce cadre, limité à 200% de la Base de Remboursement de la Sécurité sociale (BRSS), duquel il faut retirer le Remboursement de la Sécurité sociale), ce qui représente une contrainte supplémentaire pour de nombreux patients confrontés à des frais de santé élevés.