01/07/2020 09:00S’il te plaît, dessine-moi un cadre

Accord national interprofessionnel

En décembre 2017, les partenaires sociaux avaient engagé une négociation interprofessionnelle sur le statut de l’encadrement, dans le sillage de la fusion des régimes de retraite AGIRC-ARRCO qui est elle-même intervenue le 1er décembre 2019. Cette négociation, difficile, a finalement abouti le 28 février dernier sur un accord national interprofessionnel (ANI) « portant diverses orientations pour les cadres ».

Une définition de l’encadrement a minima

L’accord se présente sous la forme d’un outil de réflexion pour permettre aux entreprises d’appréhender les enjeux relatifs aux transformations des fonctions d’encadrement qui peuvent être d’expertise et/ou d’animation d’équipe. Les partenaires sociaux se sont entendus sur une définition interprofessionnelle de l’encadrement a minima qui repose sur les différents critères suivant : la qualification (par diplôme ou expérience), l’influence significative dans les domaines économiques, sociaux, sociétaux et/ou environnementaux, l’autonomie dans le travail, et les responsabilités exercées (animation d’équipe ou degré d’expertise).
Toutefois, le texte précise bien qu’il n’y a pas de « définition univoque du cadre et que chaque branche peut donc définir, le cas échéant, ce qu’est un cadre, selon ses propres critères dans le contexte sectoriel qui est le sien. »

Maintien de la prévoyance des cadres

Plus concrètement, l’accord a rappelé que les ANI du 17 novembre 2017 relatifs à la prévoyance des cadres et du 12 juillet 2011 relatifs à l’APEC demeurent en vigueur. Le nouveau texte ne remet pas en cause leur application. Par conséquent, les salariés bénéficiaires de ces accords sont définis par les dispositions des articles 4 et 4bis de la convention collective nationale du 14 mars 1947, auxquels il est fait référence dans l’ANI du 30 octobre 2015 relatif aux retraites complémentaires AGIRC-ARRCO-AGFF et reprises par l’ANI du 17 novembre 2017, ce dernier ayant sécurisé le dispositif dit, du « 1,50 % patronal » dédié à la prévoyance des cadres. Dès lors les entreprises devront continuer de verser la cotisation de 1,50 % de la tranche de rémunération inférieure au plafond de la Sécurité sociale (tranche A*). Cet accord a été étendu par un arrêté du 14 août 2018. Pour mémoire, plus de la moitié de la cotisation de 1,50 % de la tranche A (0,76 %) doit être affectée à une garantie décès, « l'excédent » de cotisation pouvant être employé pour couvrir d'autres risques de prévoyance, y compris un régime de frais médicaux (Cour d'Appel de Paris, 6 février 2020). Rappelons que la sanction pour non-respect de la cotisation du 1,50 % patronal est lourde, les entreprises étant tenu de verser, en cas de décès d’un cadre, une somme égale à 3 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale en vigueur aux ayants droit (plus de 120 000 € en 2020).

Les contrats collectifs impactés ?

En renvoyant la définition du cadre au niveau des branches, l’accord risque de compliquer la tâche des acteurs de la protection sociale. Aujourd’hui, la catégorie AGIRC à laquelle les régimes peuvent continuer à se référer n’existe plus et il conviendra d’être vigilant quant à la position que retiendra la direction de la Sécurité sociale dans ce domaine. Affaire à suivre.