12/09/2011 15:00Sorual, chevillée à l'histoire de l'Alsace

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Article paru le Le 02 septembre 2011 dans l'Argus de l'Assurance, par PASCALE BRAUN, À METZ

À 75 ans, la petite mutuelle alsacienne a su épouser les mutations de son territoire et aborde l'avenir avec confiance.
L'histoire commençait pourtant mal. Fondée en 1936 sur la base de l'assurance maladie, alors facultative, des exploitants agricoles, la Mutualité paysanne a dû cesser son activité dès le début de la Seconde Guerre mondiale pour sept longues années. La petite structure se reconstitue en 1945 et reprend, dans les années 60, la gestion de l'Amexa, l'assurance maladie devenue obligatoire pour les agriculteurs du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Le corporatisme mutualiste s'atténue avec la mutation du monde agricole, et la Mutualité paysanne, devenue Solidarité rurale et urbaine d'Alsace (Sorual), s'ouvre successivement aux salariés, aux travailleurs non salariés et aux PME locales.

Rebondir en se recentrant

En 1986, Sorual subit une crise majeure lorsque les acteurs de la mutualité agricole lui préfèrent une structure de dimension nationale. La mutuelle perd ainsi quelque 13 000 adhérents et voit ses effectifs passer à 7 000 personnes protégées. Sa bonne assise lui permet de rebondir en choisissant un nouvel axe de développement. À la fin des années 80, les Alsaciens sont de plus en plus nombreux à franchir les frontières pour travailler en Suisse ou en Allemagne. Sorual choisit de se recentrer sur son métier initial, le remboursement dès le premier euro, et d'accompagner les frontaliers dans les méandres des systèmes de protection sociale des pays limitrophes. Spécifique, complexe et demandant une connaissance fine des problématiques frontalières, le marché n'intéresse guère les grandes compagnies.
Couvrant les départements concordataires d'Alsace et de Moselle, où le régime local impose une double compétence technique et gestionnaire, Sorual développe un savoir-faire qui lui permet de passer sans encombre le cap du nouveau code de la mutualité. « Nous avons profité des contraintes imposées par les nouvelles règles comptables et financières pour renforcer nos compétences techniques et gestionnaires », explique Lætitia Mariaccia, la nouvelle directrice de la mutuelle. Au siège social de Strasbourg (Bas-Rhin), la compétence des huit salariés, dont la moitié pratique parfaitement l'allemand, compte pour une large part dans la fidélisation des adhérents. Maîtrisant toute la chaîne assurantielle, de la tarification à la gestion des prestations, la mutuelle entre aujourd'hui dans une phase de redéploiement et part à la conquête de nouveaux adhérents.

Le marché de la complémentaire santé progresse en Alsace

Interview de Laetitia Mariaccia, Directrice de la Sorual

Venue de l'univers du courtage et des institutions parisiennes, vous dirigez Sorual depuis le printemps dernier. Quels sont vos objectifs ?

Nous souhaitons, en priorité, augmenter le nombre d'adhérents, étoffer notre gamme de produits et développer nos canaux de distribution. Nous comptons accroître notre offre en direction des frontaliers, nous concentrer sur les assurances collectives et nous renforcer dans les complémentaires santé. Dans les départements concordataires, où le régime local rembourse à 90%, elles sont encore peu répandues, mais elles progressent avec la hausse de la part restant à la charge des assurés.

Quel est le secret de la longévité de Sorual ?

Elle tient à la fois au souci de ses présidents successifs d'assurer sa pérennité et son indépendance, et à sa fidélité aux pratiques mutualistes. Le conseil d'administration regroupe des bénévoles dévoués et compétents dans de multiples domaines. Ils sont agriculteurs, travailleurs frontaliers ou chefs d'entreprise implantés à l'étranger. Issu du monde agricole, notre président, Clément Koessler, est expert en assurances. La mutualité est un monde d'intégration où le principe « un homme, une voix » prend tout son sens.